Delvau, 1864 : Homme trop porté sur son membre ; libertin à qui la qualité importe peu, pourvu qu’il ait la quantité.
J’ pine à l’œil et j’ m’en fais gloire,
C’est mon gout d’êtr’ paillasson.
(Chanson anonyme moderne.)
Delvau, 1866 : s. m. Libertin, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi souteneur de filles. Mais le premier sens est le plus usité, et depuis plus longtemps, comme en témoigne ce passage d’une chanson qui avait, sous la Restauration, la vogue qu’a aujourd’hui la chanson de l’Assommoir :
Chaque soir sur le boulevard
Ma petit’ femm’ fait son trimar,
Mais si elle s’port’ sus l’paillasson,
J’lui coup’ la respiration :
Je suis poisson !
Rigaud, 1881 : Libertin qui ne craint pas de se frotter à toutes les paillasses des drôlesses.
Paillasson, quoi ! cœur d’artichaut. C’est mon genre : un’ feuill’ pour tout l’monde. Au jour d’aujourd’hui, j’gob’ la blonde ; Après-d’main, c’estlabrun’qu’im’faut.
(La Muse à Bibi, Le Paillasson.)
Rigaud, 1881 : Homme aimé un moment pour lui-même, — dans le jargon des filles.
Celui avec lequel elle passe un caprice, auquel ce se donne sans lui demander de l’argent, un paillasson.
(Paris-vivant, La Fille. 1858.)
La Rue, 1894 : Libertin. Amant de cœur.
France, 1907 : Petite pièce en un acte donnée avant une grande, autrement dit : lever de rideau.
France, 1907 : Chevelure. N’avoir plus de paillasson à la porte, être chauve.
— Eh ben ! en v’là un vieux gâteux avec son crâne à l’encaustique ! S’il avait des cheveux, il serait encore assez réussi. Mais il n’a plus de fil sur la bobine, plus de crin sur la brosse, plus de gazon sur le pré ; il a le caillou déplumé, quoi ! Enfin, n’y a plus de paillasson à la porte.
(Beaumaine et Blondelet)
France, 1907 : Amant d’une fille publique, d’une paillasse.
C’est d’nature, on a ça dans l’sang :
J’suis paillasson ! c’est pas d’ma faute,
Je m’fais pas plus marioll’ qu’un aut’e,
Mon pèr l’était ; l’Emp’reur autant !
(André Gill, La Muse à Bibi)